Le Petit Prince Et La Rose Amour

Vivre À Hyeres

» L'esprit crée des liens. Grâce à lui, le monde se peuple de signes: tel champ de blé rappelle les cheveux dorés du Petit Prince, les étoiles sont des grelots qui rappellent son rire, le ciel est habité de planètes où grincent de vieux puits parce que sur l'une d'entre elle vit un ami aviateur qui en avait trouvé un dans le désert. La vie véritable est dans l'esprit qui, au besoin, se passe bien de la matière, de « l'écorce »: pour retrouver sa rose, Le Petit Prince sacrifie son corps de chair, il se fait mordre par le serpent venimeux: « J'aurai l'air d'être mort et ce ne sera pas vrai… », nous dit-il comme dernier message. Apprivoiser, aimer, se séparer … Dans le Petit Prince, nous retenons tous la leçon du renard: « si tu veux un ami, apprivoise-moi » (chapitre XXI). C'est à travers cet enseignement que le Petit Prince arrive à comprendre ce qu'il ressent pour sa rose: « Je crois qu'elle m'a apprivoisé » (chapitre XXI). Le Petit Prince comprend qu'en apprivoisant, il arrive à faire sortir de la « masse » un être qui devient, pour lui, « unique au monde ».

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N'est-ce pas surdéterminer une parole qui n'en demande, voire n'en supporte pas tant? N'est-ce pas accorder à un auteur plus que ce que lui-même a dit? D'abord, nous n'exprimons pas plus, mais autrement: autre l'intuition créatrice de l'homme de l'art (et Saint-Exupéry en est un), autre le discours philosophique. Ensuite, ce que le génie de la lettre populaire condense parfois en quelques mots, le génie plus analytique de la philosophie l'expose en beaucoup de concepts. Enfin, Hans-Georg Gadamer, mais aussi Josef Pieper, et tout un courant traditionaliste trop méprisé, nous ont appris que, dans la tradition, se sédimentent des vérités recueillies avec respect, méditées avec bienfait et transmises avec reconnaissance. Les mythes gréco-romains, comme les Contes de Perrault, d'Andersen ou de Grimm n'ont le succès séculaire que nous savons que parce qu'ils sont eux-mêmes le résultat d'un lent travail de sélection qui parle autant d'une source lointaine et gorgée de vie, que d'un lectorat avide de sens.

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L'âme ne s'achète ni se vend. Et connaître, c'est justement tout savoir de toi, de tes joies, de ta paix, mais aussi de tes contrariétés, de tes luttes, de tes erreurs. Parce que l'amour transcende les disputes, la lutte et les erreurs, l'amour, ce n'est pas uniquement pour les moments de joie. Aimer, c'est la confiance absolue que, quoi qu'il se passe, tu seras toujours là. Non parce que tu me dois quelque chose, non par possession égoïste, mais juste être là, en compagnie silencieuse. Aimer, c'est savoir que le temps n'y changera rien, ni les tempêtes, ni mes hivers. Aimer, c'est donner à l'autre une place dans mon cœur pour qu'il y reste comme un père, une mère, un fils, un ami, et savoir que dans son cœur à lui, il y a une place pour moi. Donner de l'amour ne vide pas l'amour, au contraire, il l'augmente. La manière de donner autant d'amour, c'est d'ouvrir son cœur et de se laisser aimer. – J'ai compris, dit la rose. – Ne cherche pas à comprendre l'amour. Vis-le, dit le Petit Prince.

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Or, ici, ce n'est pas l'importance de l'aimé qui suscite l'amour; tout au contraire, c'est l'amour qui suscite l'importance de l'aimé. Aimer, ce n'est pas d'abord chercher à être heureux, mais chercher à rendre heureux. Avant que le Petit prince ne lui accorde toute son attention et toutes ses attentions, sa rose était « semblable à cent mille autres » roses. Voilà pourquoi le syntagme « ta rose » non seulement est répété, mais se trouve placé, redoublé, au centre de la phrase. Loin de réintroduire le primat causal de l'aimé, cet écho atteste celui de l'aimant, sans pour autant sombrer dans l'erreur symétrique qui annulerait l'essentielle réceptivité de l'aimé, dont l'aimant attend le retour constitutif de l'amitié. De fait, la première expression « ta rose » renvoie à l'aimant en acte d'aimer et la seconde à l'aimé désormais promu en sa valeur d'être aimé. On se surprend à penser comment un homme de lettres plus poète, aurait ciselé une telle formule afin de faire entrer les deux expressions « ta rose » en résonance.

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Le Petit Prince est un texte universel, allégorique et profane, qui confine au merveilleux. 61 ans après et 70 ans après la mort de son prodigieux auteur, il n'a pas pris une ride. On notera également que le Petit Prince, maintes fois adapté au cinéma, sur scène ou retranscrit en BD, est l'ouvrage de littérature le plus vendu au monde depuis sa parution et le plus traduit après la Bible. L'essai de Laurence Vanin est exceptionnel à plus d'un titre.

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– Je t'aime, dit le Petit Prince. – Moi aussi, je te veux, dit la rose. – Ce n'est pas pareil, répondit le Petit Prince. Vouloir, c'est prendre possession de quelque chose, de quelqu'un. C'est chercher chez les autres ce qui peut remplir nos besoins personnels d'affection, de compagnie… Vouloir, c'est chercher à faire nôtre ce qui ne nous appartient pas, c'est s'approprier ou désirer quelque chose pour nous combler, parce qu'à un moment donné, quelque chose nous manque. Aimer, c'est désirer le meilleur pour l'autre, même s'il a des aspirations différentes des nôtres. Aimer, c'est permettre à l'autre d'être heureux, même si son chemin est différent du mien. C'est un sentiment désintéressé qui naît d'un don de soi, c'est se donner entièrement à partir de notre cœur. Quand on aime, on donne sans rien demander en échange, pour le simple et pur plaisir de donner. Mais il est aussi certain que ce don, ce don de soi, complètement désintéressé, ne se fait que quand on connaît. Nous ne pouvons aimer que ce que nous connaissons, parce qu'aimer veut dire se jeter dans le vide, faire confiance à la vie et à l'âme.

Par exemple sous forme de deux octosyllabes: « C'est le temps perdu pour ta rose / Qui fait ta rose si importante » – qu'un Victor Hugo aurait transfigurés en alexandrins! Aimer, c'est donner. En l'occurrence, nous dit le Renard, c'est donner du « temps ». Déjà, Aristote avait compris que la convivialité était une propriété coextensive de la philia, que seul celui qui acceptait de passer du temps avec l'aimé pouvait en devenir l'ami. Depuis, notre société d'hyperconsommation qui est devenue une société de l'accélération (Harmut Rosa) – ainsi que la planète du businessman le pressent –, a fait de la temporalité la durée la plus convoitée et donc la plus valorisée. Dès lors, donner du temps n'est plus seulement la condition de l'amitié, mais son achèvement: l'ami aime par excellence son ami en lui accordant son bien le plus précieux, celui qu'il investit irréversiblement et ne pourra jamais récupérer, son temps. Aimer, c'est se donner. Repartons du temps. Celui-ci est plus que la mesure extrinsèque d'un mouvement; il demeure moins que le prénom de l'être ou que l'étoffe des choses.