Mémoire En Réclamation

Heure Miroir 12H22

Dans une décision du 26 avril 2018 référencée sous le numéro 407898, le Conseil d'Etat est venu apporter sa pierre à l'édifice de construction d'une jurisprudence sur les marchés publics. Il s'agit en l'espèce de la contestation des montants dus au titre d'un marché de prestations intellectuelles. On sait, dans tous les cahiers des clauses administratives générales l'exigence de précision qui s'attache à la rédaction d'un mémoire de réclamation. Plus particulièrement en ce qui concerne le marché en cause, l'article 40. 1 du cahier des clauses administratives générales applicables aux marchés de prestations intellectuelles disposait à l'époque que tout différend entre le titulaire et la personne responsable du marché devait faire l'objet de la part du titulaire d'un mémoire de réclamation devant être remis à la personne responsable du marché. Cette disposition était applicable à l'ensemble des marchés publics comme elle l'est encore actuellement. Le Conseil d'Etat rappelle que cet article pose le principe général de l'introduction d'un mémoire en réclamation de la part du titulaire de marché préalablement à toute instance contentieuse.

Mémoire En Réclamation Exemple

Avant la réponse Avant la réponse Les procédures de marchés publics Actualités Le 17/08/2020 Rédaction du mémoire en réclamation: un exercice délicat Le mémoire en réclamation fait partie intégrante des moyens permettant d'introduire une procédure contestataire dans les marchés publics. Il peut porter sur différents motifs comme le non-paiement ou un retard de paiement des honoraires d'une entreprise, ou une contestation du décompte général d'un marché de travaux. Indifféremment de son objet, le mémoire en réclamation doit être rédigé en suivant un protocole précis, sous peine d'être invalidé. Il est par exemple indiqué que ledit mémoire ne peut être adressé au maître d'ouvrage sans l'intermédiaire du maître d'œuvre, si l'attributaire du marché en est à l'origine. Il est toutefois possible que le maître d'ouvrage soit le destinataire direct d'un mémoire en réclamation si son émetteur est le maître d'œuvre. Le cadre juridique qui régit cet exercice étant particulièrement rigide, il convient de faire preuve d'une grande vigilance dans son exécution.

Mémoire En Réclamation Marché Public

Dans un arrêt du 14 avril 2022 n°22BX00534, la CAA de Bordeaux reconnait le titre de mémoire en réclamation à un document auquel est joint l'ensemble des demandes de payements antérieurs. Il s'agit ici d'une application positive du formalisme dû au mémoire en réclamation précisé par le Conseil d'État dans une décision datant du 27 septembre dernier ( CE, 27 septembre 2021, commune de Bobigny, req. n° 442455) auquel nous avions déjà consacré un article. Dans les faits de l'arrêt ici commenté, il s'agissait de l'exécution du marché de travaux « Viaduc en mer » à la Réunion, pour lequel la région Réunion était maître d'ouvrage, et la société V, maître d'œuvre. À la suite d'un ordre de service prescrivant la réalisation d'une protection supplémentaire destinée à assurer la sécurité d'une pille du viaduc, la société V. avait adressé une première lettre en décembre 2019 réclamant le paiement d'une somme de 4 586 206, 24€, au titre de cet ordre de service. Restée sans réponse, la société V renvoie en février 2020 un document se présentant sous la forme d'un mémoire en réclamation demandant à nouveaux la somme due, joignant la facture détaillée et la lettre de décembre 2019 précédemment citée.

Mémoire En Réclamation

2001, n° 216642, Société Rufa, Lebon). La Haute Assemblée précise désormais que le mémoire de réclamation doit expressément mentionner, en plus des chefs de la contestation décrits de manière précise et chiffrée, l'existence d'un différend entre le titulaire du marché litigieux et l'acheteur public. Dès lors, n'est pas une réclamation un mémoire qui est « insuffisamment motivé » et « n'expose aucun des chefs de sa contestation avec une précision suffisante ». Par ailleurs, si le titulaire du marché peut faire figurer d'autres éléments et justifications qu'il estime nécessaires dans des documents annexés au mémoire, pour autant « [ce mémoire] ne peut pas être regardé comme une réclamation lorsque le titulaire se borne à se référer à un document antérieurement transmis au représentant du pouvoir adjudicateur ou au maître d'œuvre sans le joindre à son mémoire ». Il a été effectivement admis par le Conseil d'État, concernant la contestation du décompte général dans le cadre d'un marché public de travaux, que pour délimiter les contours de la réclamation de l'entrepreneur, il revient de se référer « au seul mémoire adressé à la personne responsable du marché»; aussi, les éléments adressés au maître d'œuvre ne sont pas pris en compte s'ils n'ont pas été adressés à l'acheteur public.

Dès lors, en l'absence de l'indication dans le mémoire adressé à l'acheteur public « du montant de la somme dont le paiement était réclamé (... ) pour chacun des abattements contestés », l'entrepreneur « [doit être regardé] comme ayant implicitement accepté le décompte général » (CE 5 oct. 2005, n° 266368, SNC Quillery Centre, Lebon). Il ressort de l'arrêt rendu par la cour administrative d'appel de Versailles que la société requérante a refusé de signer le projet de décompte général adressé par la commune, en particulier en ce qu'il ne tient pas compte « de sa demande de rémunération complémentaire (... ), de l'ordre de service n° 6, ainsi que des écarts de montants entre les situations validées par la maîtrise d'œuvre et les règlements perçus ». Or, la cour constate que ni le courrier adressé à la commune, ni le projet de décompte général établi par la société requérante n'expose de façon « précise et détaillée » les chefs de la contestation, en particulier « l'ordre de service n° 6 » et les « écarts de montants entre les situations validées par la maîtrise d'œuvre et les règlements perçus ».