Aime Ton Prochain Comme Toi-Même (1Ère Partie)

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« Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Cette phrase du Lévitique que nous avons lue à Chabbat dans la paracha Kedochim, largement reprise partout, vient évidemment, et c'est assez peu connu du cœur du judaïsme. Cependant sa postérité repose sur une sorte de malentendu dû une erreur de traduction. La traduction la plus proche de Vehaavvta Lekhakha et Kamora, « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19, 18) n'est pas la bonne il faudrait plutôt traduire: « Tu aimeras ton prochain, car il est comme toi ». Cette erreur de traduction de Lv 19, 18b et 34 ou plutôt ce glissement de sens a des conséquences très importantes. Ce n'est pas une erreur « chrétienne » mais juive. Car la traduction par le grec « agapêseis ton plêsion sou hôs seauton » « comme toi-même » provient de la traduction de ce passage par la communauté juive hellénistique dans la Septante vers 270 avant notre ère. On en trouve la trace dans le Talmud: « On raconte que cinq anciens traduisirent la Torah en grec pour le roi Ptolémée, et ce jour fut aussi grave pour Israël que le jour du veau d'or, car la Torah ne put être traduite convenablement » (Talmud Babylone Soferim 1, 7).

  1. PAHAD DAVID SUR DEVARIM DU TSADDIK RABBI DAVID PINTO CHLITA
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Pahad David Sur Devarim Du Tsaddik Rabbi David Pinto Chlita

Cette relation horizontale avec celui qui devient mon frère, celle qui devient ma soeur et dont le constat des droits m'oblige, se conjugue avec une verticalité. Car le vehaavta, « Tu aimeras » du Chema, « De tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force » vise l'Eternel qui par définition est absent de ce monde. « L'amour Eternel » vient de D. et l'homme est invité à cette réciprocité, mais cet élan se heurte immédiatement à l'obligation de chercher la Justice. « La justice, la justice tu la chercheras » (Choftim). Cette empathie provoque un oubli de soi qui revient à soi-même. Je me vois dans les yeux d'autrui ramené à ma simple valeur, un parmi d'autres, et à ce moment je peux faire communauté, accepter autrui comme un autre moi et non plus comme l'extension de moi-même. Ce qui revient à un travail d'analyse et de reconnaissance de ma propre violence prédatrice qui asservit les autres pour les dominer ou les séduit… pour les dominer encore. Le frère n'est pas un objet sous la main dans un rapport narcissique idolâtrique.

Kedoshim : Aime Ton Voisin Comme Toi-Même. Vraiment ? - Ops &Amp; Blogs | The Times Of Israël

Personne ne le connaissait, pas plus que ses deux accompagnateurs. Un jour qu'ils étaient dans un hôtel et étaient attablés pour prendre leur petit déjeuner, le propriétaire fit soudain irruption dans la salle et se mit à étreindre les pieds de l'admor en disant: « Vous êtes un saint etc. » Les disciples furent très surpris et ne comprirent rien. Comment cet homme avait-il fait pour savoir? Ils se levèrent et se mirent à interroger l'hôtelier. « Qui vous a révélé la grandeur de notre rabbin? » Il leur répondit: « Absolument personne ». Ils insistèrent: « Dans ce cas, comment avez-vous su? » Il s'expliqua enfin: « J'ai vu avec quel respect il regardait le thé que je lui ai servi. Tout autre homme considère la tasse comme un outil qui n'est là que pour le servir. C'est ce qui montre qu'il s'agit bien d'un grand homme, saint, dont les qualités sont exceptionnelles. » Ainsi, l'homme fera des efforts afin d'aimer son prochain comme soi-même, et non pas comme un moyen de le satisfaire et de réaliser ses propres désirs.

Parashot Aharei-Mot- Qedoshim, « Et Tu Aimeras Ton Prochain Comme Toi-Même » - Campus Biblique

24 Dans sa quatrième année, tous ses fruits seront consacrés à des réjouissances, en l'honneur de l'Éternel: 25 et la cinquième année, vous pourrez jouir de ses fruits, de manière à en augmenter pour vous le produit: je suis l'Éternel votre Dieu. 26 Ne faites point de repas près du sang; ne vous livrez pas à la divination ni aux présages. 27 Ne taillez pas en rond les extrémités de votre chevelure, et ne rase pas les coins de ta barbe. 28 Ne tailladez point votre chair à cause d'un mort, et ne vous imprimez point de tatouage: je suis l'Éternel. 29 Ne déshonore point ta fille en la prostituant, de peur que le pays ne se livre à là prostitution et ne soit envahi par la débauche. 30 Observez mes sabbats et révérez mon sanctuaire: je suis l'Éternel. 31 N'ayez point recours aux évocations ni aux sortilèges; n'aspirez pas à vous souiller par ces pratiques: je suis l'Éternel votre Dieu. 32 Lève-toi à l'aspect d'une tête blanche, et honore la personne du vieillard: crains ton Dieu! Je suis l'Éternel.

Association Caritative De Parrainage D'Enfants &Bull; Le Pain Quotidien

Bref « Traduire c'est trahir », cette phrase est choquante mais je vais montrer que nos Sages avaient raison. Le problème avec l'amour c'est qu'il y a souvent malentendu, c'est parfois une sorte de « je vous ai compris » qui repose sur une illusion, un contentement narcissique, une jouissance de soi qui se heurtera forcément au mur du réel de l'altérité d'autrui dès le lendemain. C'est ainsi que naissent les haines et les guerres, les trauma familiaux des « divorces qui ne s'arrêtent jamais », de blessures inconsolables, d'amours déçus. Le veaavta n'est donc pas une extension du domaine de l'amour, un narcissisme étendu à autrui; mais prend pour point de départ autrui en disant « Regarde il est comme toi, il veut juste vivre! » pour revenir à soi-même et fort de cette émotion qui voit autrui dans sa faiblesse lui porte secours. Une empathie réciproque qui s'abstient d'un jugement 'premier'. Il ne s'agit donc pas d'une espèce de commandement d'amour illimité et héroïque -qui en fait revient à se mettre à la place de l'Eternel- mais un appel à regarder autrui avec ses propres yeux et à essayer de se mettre à sa place, adopter son point de vue… et non pas un amour illimité de soi qui s'étend aux autres et ne reste qu'un narcissisme, une charité bien ordonnée qui commence par soi-même.

Voilà ce que dit la Torah et nos Sages, très loin du monde grec donc. C'est pourquoi Kedochim commence par: « Parle à toute la communauté des enfants d'Israël et dis-leur: Soyez saints! Car je suis saint, moi l'Éternel, votre Dieu. (Lv 19, 1) Pourquoi ne lit-on pas: « Parle aux des enfants d'Israël » ( daber el bnei israël)? Comme ailleurs dans la Torah? Que vient faire ici la « communauté » ( adat beni israël)? « C'est parce que tous les commandements sont contenus en elle (dans cette partie) nous dit le midrash (Midrash Tan'houma Kedoshim § 3). Le veaavta comme pour le chema renvoie à D. et à la communauté à travers le prochain. Un mouvement exactement semblable traverse la paracha quelques versets plus loin: « Il sera pour vous comme un de vos compatriotes, 'l'étranger qui séjourne' ( aguer aguar) avec vous, et tu l'aimeras comme toi-même ( veaavta lo kamokha), car vous avez été étrangers dans le pays d'Egypte je suis l'Éternel votre Dieu » (Lv 19, 34) Quand la Torah se répète c'est pour nous enseigner.

Puis en étudiant c'est à dire en complétant l'action par la réflexion, l'étude, et allant toujours plus loin, en avançant en permanence. Le but n'étant pas le lieu où l'on est, ou où on l'on va, mais plutôt le chemin emprunté, la dynamique. Toujours avancer, progresser. Comme le dit si bien Enstein "La vie c'est comme le vélo, il faut avancer pour garder l'équilibre, et si tu t'arrêtes, si tu es immobile, tu perds l'équilibre et tu tombes". Et voilà de belles leçons de vie en partant de la simple injonction "d'aimer".